ardie47

Au cœur de l'économie sociale et solidaire, les structures de l'insertion par l'activité économique sont un levier essentiel d'une entreprise sociétale émergente.

Véritable instrument des politiques pour l'emploi, les structures de l'insertion par l'activité économique (SIAE) ont su s'adapter aux contraintes du marché économique tout en mettant l'homme en fil rouge de leurs préoccupations. Equation payante, puisqu'aujourd'hui, on ne peut que constater leur poids économique sur nos territoires et leur réussite en matière de retour à l'emploi durable des salariés qu'elles accompagnent.

Ateliers et chantiers d'insertion, entreprises d'insertion, associations intermédiaires et entreprises de travail temporaire d'insertion, mais aussi les régies de quartier, les chantiers écoles ou les GEIQ, permettent à des personnes éloignées de l'emploi de retrouver progressivement le chemin de l'insertion professionnelle durable, à travers des parcours associant activité salariée et accompagnement personnalisé.

L'Etat, en Région avec la DIRECCTE et ses unités territoriales poursuit son soutien au secteur de l'IAE, en relation étroite avec ses partenaires, les collectivités : Conseil Régional, Conseil Département, Collectivités locales....

Positionnées sur différents secteurs et filières, traditionnels ou innovants, elles génèrent de l'activité sur leur territoire.
Avec plus de 94 millions de chiffre d'affaires en Aquitaine, elles témoignent de dynamisme et vitalité.
En outre, c'est à un peu plus de 11400 demandeurs d'emploi à qui elles ont permis de reprendre pied dans le monde du travail.

L'insertion par l'activité économique en Lot et Garonne :

Le département du Lot et Garonne, n'échappe pas à la règle, en 2014, ce sont quelques 1500 bénéficiaires qui ont été salariés de nos structures.
Véritables incubateurs d'innovation sur leur bassin d'emploi, les structures d'insertion par l'activité économique (SIAE) ont su initier des projets d'avant-garde dans des secteurs tels que le développement durable, l'environnement et l'industrie.
Aujourd'hui, l'Insertion par l'Activité Economique (IAE) en Lot-et-Garonne représente au total, 27 Structures d'Insertion qui œuvrent sur l'ensemble du département.

 

Interview réalisée auprès de l'association ARDIE 47
Directrice, Mme Myriam PUYRAJOUX
Chargé de mission, Mr Franck CHARLOT

 

Pouvez-vous présenter l'association ARDIE47 ?
- Myriam PUYRAJOUX

- Franck CHARLOT

L'association ARDIE 47 (Agence de recherche et de développement de l'insertion par l'économique) a vu le jour en juin 2000 à l'initiative des pouvoirs publics qui souhaitaient que les SIAE soient accompagnées localement sur les volets de l'innovation, du développement de projet, et de la professionnalisation des acteurs. A ce jour, ARDIE 47 est perçue sur notre département comme un véritable laboratoire d'initiatives économiques. Emanation directe de la commission départementale de l'insertion par l'activité économique, elle intervient en tant qu'appui technique aux structures et aux partenaires.
Le Conseil d'Administration d'ARDIE se compose de partenaires sociaux, de représentants du secteur économique et de têtes de réseaux départementaux.

 

Quelles sont les missions principales d'ARDIE47 ?
- Myriam PUYRAJOUX
- Franck CHARLOT

La mission principale d'ARDIE 47 est d'assurer une meilleure visibilité de l'insertion par l'activité économique. Et cela passe forcément par un rapprochement du secteur économique classique. Pour ce faire, nous organisons, par bassin d'emploi, des actions en partenariat avec les entreprises locales.

La vocation des SIAE étant l'accompagnement vers l'emploi durable de leurs salariés, il est fondamental de travailler sur les besoins des entreprises locales. C'est la raison pour laquelle sur Marmande, notamment, nous avons mis en œuvre une GPEC territoriale qui nous a permis d'identifier les besoins par secteurs d'activités et ainsi mobiliser des moyens supplémentaires pour la qualification des publics en insertion.

En effet, la formation est un vecteur essentiel de retour à l'emploi pour nos salariés, nous mettons en œuvre annuellement des actions de formations spécifiques en lien avec les besoins en main d'œuvre exprimés par les entreprises et ceux émis par les structures de l'IAE (insertion par l'activité économique). ARDIE assure une fonction de coordination dans le cadre de la mise en œuvre des formations mutualisées inter SIAE.

ARDIE 47, c'est aussi la mise en œuvre de la clause d'insertion sur les marchés publics. Bien que la conjoncture ne soit pas très favorable aux achats publics actuellement, les clauses d'insertion sont devenues en 20 ans, un moyen incontournable pour agir efficacement contre l'exclusion des populations éloignées de l'emploi.
Si les supports d'insertion ont été principalement dans les secteurs du BTP, on note un processus de diversification. Aujourd'hui, des clauses d'insertion vont se diversifier en direction des prestations intellectuelles, telles que la saisie de données informatiques, l'accueil standard téléphonique, ou bien l'animation. Cette diversification des secteurs économiques, supports d'insertion, présente l'avantage d'ouvrir à différents profils, notamment aux femmes, l'accès aux bénéfices des clauses.

 

Vous avez dit précédemment que la formation était un vecteur essentiel de retour à l'emploi des salariés en insertion, et vous avez également mentionné votre fonction de coordination, pouvez-vous nous en dire plus ? La réforme de la formation professionnelle a-t-elle eu un impact, notamment sur les modes de financement ?

- Myriam PUYRAJOUX

Les publics accompagnés par les SIAE ont des niveaux de qualification relativement bas ou sont titulaires de formations obsolètes. En outre, les attentes des entreprises en matière de compétences et de qualification ne coïncident pas forcément avec les publics accueillis dans les SIAE. Il apparaît donc essentiel de promouvoir l'accès à la qualification des salariés afin de favoriser leur sortie en emploi durable. Pour ce faire, les structures travaillent avec l'ensemble des ressources dont elles disposent localement. Elles orientent en priorité leurs bénéficiaires, sur les formations financées par le Conseil Régional ou Pole emploi mais pas uniquement... En effet, comme toute entreprise, elles cotisent auprès d'OPCA et d'OPACIF pour la formation de leurs salariés et à ce titre se révèlent être des employeurs exemplaires dans la montée en compétences de leur personnel.

Depuis quelques années, un certain nombre de SIAE travaillent ensemble sur la mise en place d'actions de formations « mutualisées ». Travail de longue haleine qui a mené en 2012 à la formalisation d'une réponse ADEC (Action de développement de l'emploi et des compétences), cofinancée par les principaux OPCAs, ainsi que par le Conseil Régional d'Aquitaine, et la DIRECCTE Aquitaine.

Le projet est né du constat de départ, partagé par plusieurs structures, qu'il était difficile en Lot et Garonne de trouver des formations adaptées aux besoins et aux capacités des salariés en insertion. La problématique de leur financement était également prégnante. Dès 2008, plusieurs expériences ont été menées avec des structures adhérentes à l'OPCA interprofessionnel AGEFOS-PME, pour des formations courtes pré qualifiantes sur les métiers des espaces verts, de l'entretien et du nettoyage. En 2010, l'ACI (Atelier Chantier d'Insertion) Le Creuset décide de porter un projet inter SIAE pour développer la formation des salariés en insertion, auquel 12 SIAE adhèrent. Des formations sont proposées dans les domaines de la logistique, du service à la personne, du nettoyage et des espaces verts. En 2011, Le Creuset veut donner une envergure supplémentaire au projet en développant de la formation qualifiante et diplômante qui s'ajoute à une offre enrichie de formation pré qualifiante. 17 SIAE y participent encore à ce jour. Impact et résultats : 4079 heures de formations pré-qualifiantes. 4828 heures en formations qualifiantes. Augmentation exponentielle du nombre de salariés en insertion bénéficiant de formation durant leur parcours, acquisition de nouvelles compétences, reprise de confiance en eux. Pour les chargés d'accompagnement des SIAE : développement de l'offre de formation à proposer, meilleure connaissance des dispositifs de financement, valorisation du travail d'accompagnement.

A ce jour, ARDIE 47 a repris la coordination de l'ADEC et se voit faire face à de multiples défis notamment dus à la baisse de financement relative à la réforme de la formation professionnelle. Impact de la réforme : Baisse des dotations de moitié, suppression des financements de la coordination, diminution du nombre de places de moitié et absence de prise en charges d'actions qualifiantes. Le projet se voulait globalisant et performant, il se voit limité, et déstructuré.
Il a été décidé collectivement avec l'ensemble des structures concernées de dénoncer cet accord et d'alerter les pouvoirs publics et les partenaires sociaux notamment sur l'impossibilité pour les structures de faire face:

- aux besoins des publics (formations au long cours souvent nécessaires, partant des savoirs de base jusqu'à la qualification),
- aux exigences du marché de l'emploi (qualification et autonomie indispensables pour les recruteurs),
- aux engagements pris avec les pouvoirs publics de former les salariés en insertion.

En conclusion sur ce sujet, nous ne pouvons que regretter la démobilisation de nos financeurs. Ce qui induit comme conséquence un manque de fluidité entre les principales parties prenantes et finalement, un dispositif qui ne répond plus aux besoins des bénéficiaires finaux, et qui remet en cause cette logique chère à nos institutions de sécurisation des parcours.
En somme, Il serait peut-être temps de redéfinir par axe de priorité les lignes de financement de la formation. Ne serait-il pas judicieux de remettre une enveloppe financière, gérée par une coordination et redistribuée aux structures en fonction des besoins en formations remontés au profit de leurs salariés ?
La question reste à ce jour, entière.

 

Le territoire du Lot et Garonne dans cette nouvelle Grande Région se retrouve quelque peu enclavé mais non moins dynamique, y a – t-il des spécificités territoriales ? Quelles sont leurs forces ? Quelles préconisations feriez-vous pour les années à venir ?

- Myriam PUYRAJOUX
- Franck CHARLOT

La Grande Région isole certainement notre département des principales orientations politiques de nos grandes villes urbaines.... En outre, Le Lot et Garonne n'en demeure pas moins une force vive dans les secteurs de l'agriculture de l'agroalimentaire et de l'industrie.

Les SIAE du territoire suivent ce même courant, et ont su développer une capacité nullement observée ailleurs en Région, de travailler ensemble.

En effet, qu'il s'agisse d'une entreprise ordinaire ou de l'insertion par l'activité économique, on observe, une logique historique de faire, de manière coordonnée et mutualisée. C'est une pratique peu observable dans nos métropoles.

En réponse aux baisses des dotations, les structures s'adaptent et pourraient même s'apparenter à un laboratoire de bonnes pratiques notamment dans leur souci constant de rationalisation économique. On a vu la création d'ensembliers, de groupements de coopération, des intégrations au sein de « clusters » notamment dans le secteur du développement durable.
On peut ajouter que les territoires de Marmande et Agen sont particulièrement moteurs dans cette démarche de mutualisation et de respect de l'autonomie des structures. Ce sont des secteurs porteurs de projets et de valeurs fortes, Par voie de conséquence, créateurs de richesses. Nous sommes loin des fusions de type « Holding » mais bien sur une logique d'entrepreneuriat « consensuel ».

Enfin, j'ajouterai et finirai sur une note positive en disant que le Lot et Garonne a tendance à être traité comme un secteur à part, voire atypique... Mais c'est probablement, cette différence qui en fait sa richesse. Nos spécificités locales nous amènent à envisager une ingénierie économique particulière. La rentabilité ne se mesure pas seulement avec des chiffres mais également avec des savoirs faires et lorsqu'on observe en Région que les SIAE du Lot et Garonne enregistrent les taux de sorties en emploi durable les plus importants, on ne peut que constater l'efficience de ce modèle... Même si la conjoncture ne lui est pas forcément très favorable.

Nous ne pouvons que nous féliciter que ce territoire reste précurseur voire visionnaire en intégrant de nouvelles niches tout en répondant à son objectif fondamental de ramener la valeur travail au cœur de l'homme ... au moyen d'un outil de production.