Une fois n'est pas coutume, nous avons décidé de nous intéresser à un sujet national : le budget de l'Etat. Pourquoi ? Tout simplement pour comprendre, d'un point de vue économique, quelles sont les origines d'un malaise social grandissant, encore plus intense dans un territoire rural comme le nôtre.
Deux problématiques nous ont servi de points de départ.
Tout d'abord, qui crée la richesse en France ? Ensuite, comment est-elle réinjectée dans le cycle de la consommation ?
Sur les 194 États qui composent notre planète, la France est en 2017, avec ses 67 millions d'habitants, le septième pays le plus riche, au sens du PIB, avec 2582 milliards $ de valeur ajoutée. Les entreprises françaises sont découpées en 4 groupes :
- Les grandes entreprises (plus de 4999 salariés), au nombre de 287
- Les entreprises de taille intermédiaire (entre 250 et 4999 salariés) au nombre de 5753
- Les petites et moyennes entreprises (entre 10 et 249 salariés) au nombre de 140 000
- Les micro-entreprises, ex TPE (moins de 10 salariés) au nombre de 3,67 millions (96% des entreprises française)
Selon l'INSEE, 3000 entreprises (les grands comptes) concentrent à elles seules 50% de la valeur ajoutée, et l'Ile de France pèse pour un tiers du PIB français.
Quant au budget de l'Etat, au sens de la comptabilité nationale, il représente 1257 milliards d'euros en 2016. Ainsi, en 2016 la France a été le deuxième pays, parmi les nations développées de l'OCDE, à avoir les prélèvements obligatoires les plus élevés, derrière le Danemark. Dans l'Hexagone, les impôts, taxes et cotisations sociales payés par les ménages et les entreprises ont absorbé l'an passé 45,3 % de la richesse nationale, selon l'étude annuelle de l'OCDE. En 2017, le montant des prélèvements obligatoire a dépassé la barre symbolique des 1000 milliards d'euros. Dans le détail la part des impôts et différentes taxes, auxquels ont été soumis les Français cette année-là, représente 45.3% du PIB, soit 1038 milliards d'euros exactement, révèle un rapport mené par le député LREM Joël Giraud. C'est 43,3 milliards de plus que la somme atteint en 2016 (994,7 milliards), 59,6 milliards de plus qu'en 2015 (978,4 milliards) et surtout 368,5 milliards de plus qu'en 2002. Ce sont surtout les cotisations sociales qui expliquent le haut niveau des prélèvements, représentant 37 % des prélèvements obligatoires, soit 384.5 milliards d'euros. Les impôts, quant à eux, représentent 63 % des prélèvement, soit 653.5 milliards d'euros, dont :
- la TVA (152,4 milliards d'euros)
- la CSG-CRDS (106,9 milliards d'euros)
- l'impôt sur le revenu (73 milliards d'euros)
- l'impôt sur les sociétés (35,7 milliards d'euros)
- la taxe foncière (34 milliards d'euros)
- la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (17,2 milliards d'euros)...
Concernant les dépenses, à la première lecture on nous dit, par exemple, que « les dépenses de retraite pèsent 316 milliards d'euros par an, et celles de santé près de 200 milliards, sur un total de plus de 1250 milliards de dépenses publiques ».
Voici un tableau de la nature des dépenses des administrations publiques (APU).
Mais toutes ces dépenses ne vont pas directement dans « les poches » des Français. Bien souvent, elles transitent par des organismes prestataires au travers de la commande publique.
Voici donc une autre lecture de la dépense publique :
L'ensemble des dépenses correspondant à la commande publique (achats publics et concessions) est proche de 400 milliards d'euros (soit 20 points de PIB) par an.
Si l'on ajoute à cela les 100 milliards de subventions allouées aux entreprises chaque année (dont la part de CICE), nous avons donc une enveloppe annuelle de 500 milliards destinés aux entreprises. Soit 40% du budget total de l'Etat.
Différents rapports, dont le rapport d'information de M. Martial BOURQUIN, fait au nom de la MCI sur la commande publique pour le Sénat - n° 82 tome I (2015-2016) - 14 octobre 2015; confirme que la commande publique s'adresse principalement aux grands groupes (GE et ETI), et ce jusqu'à 90% de la somme totale. Il en est de même pour les subventions allouées aux entreprises.
Ainsi, les grands groupes, qui théoriquement paient le plus d'impôts et de taxes en France, sont également les plus aidés par l'Etat. Sans évoquer ici l'évasion fiscale, ce choix de l'Etat Français repose probablement sur une règle essentielle de l'économie :
L'économie repose sur 4 piliers - Le capital - Les ressources (ou matières premières) - Le savoir - Le travail (homme et machine) Aujourd'hui, les économistes néoclassiques ne retiennent que les deux facteurs de production, capital et travail. |
Sans capital, il n'y a donc pas (ou difficilement) d'économie, et les lobbies des grands groupes l'ont bien compris, à priori ! Ainsi L'Etat Français se plie aux exigences exponentielles des grands groupes, et ce depuis quelques décennies.
Center Parc en est le plus bel exemple dans le Lot-et-Garonne.
On est donc en droit de s'interroger quant au rôle de la sphère publique dans son intervention dans l'économie.
En attendant, toute la pression fiscale repose sur les TPE/PME françaises qui constituent 99% du tissu économique français. Et cela s'en ressent sur des salaires stagnants, ainsi qu'une offre d'emplois qui ne suffit plus à absorber une grande partie des demandeurs d'emplois.
Il en résulte également un phénomène de délocalisation avec la production externalisée dans les pays où le coût de la main d'œuvre est bien plus faible qu'en France.
Vu sous cet angle, on peut comprendre le malaise général qui règne en France au travers des gilets jaunes, symbolisant ici la sonnette d'alarme d'un système au bord de l'asphyxie.
Pourtant, à l'heure de la mondialisation, nous avons tous oublié que le pouvoir réside dans le choix de nos consommations...